Blanche Hoschedé-Monet
Dans la (très) grande famille des femmes qui mettent leur œuvre entre parenthèses pour assister un célèbre artiste, je demande… Blanche Hoschedé-Monet.
Blanche est la fille d’Alice Hoschedé, la seconde épouse de Claude Monet. Dans cette étonnante fratrie recomposée (2 enfants côté Monet, 6 côté Hoschedé), Blanche est la seule passionnée de peinture. En témoigne ce tableau de Monet de deux des sœurs Hoschedé : Suzanne bouquine, Blanche peint.
Bien vite, Monet lui prodigue des conseils. Elle le suit dans ses déambulations, porte son chevalet et peint à ses côtés - ce qui explique la proximité de leurs sujets. Selon les témoignages, elle serait d’ailleurs la seule personne qu’il tolère lorsqu’il crée ! Une relation fusionnelle jusque dans le style de Blanche Hoschedé, si proche de celui de son “papa Monet” que l'attribution de certaines toiles prête à confusion.
Elle épouse ensuite… le fils aîné de Monet, Jean. Le couple déménage à Rouen, où elle expose régulièrement dans différents salons. Mais à la mort de son mari en 1914, Blanche retourne à Giverny auprès de son beau-père, désormais veuf et malade. Elle sacrifie son art pour se mettre service du peintre, en l’assistant dans la création des Nymphéas et en gérant son quotidien. Son dévouement provoque l’admiration des proches de la famille, dont le grand Clemenceau qui la surnomme “l’ange bleu”.
Il faut attendre la mort de Monet en 1926 pour qu’elle reprenne ses pinceaux et ses expositions. Pendant deux décennies, elle consacre aussi une grande part de son énergie à l’entretien et à la préservation du jardin de Giverny, notamment lors de l’Occupation allemande. Nul doute que sans ses soins attentifs, ce trésor inestimable n’aurait pu survivre jusqu'à nous...
En 1947, Blanche Hoschedé rend son dernier souffle, le pinceau à la main. Celle qui était “non pas dans l’ombre de Monet, mais dans sa lumière”, pour reprendre la jolie phrase d'un de ses frères, tombe cependant très vite dans l’oubli.
Il faut attendre plus d'un demi-siècle pour que des expositions lui soient consacrées, notamment au musée de Vernon en 2017. C’est d’ailleurs ce même musée qui, en 2024, est renommé en son honneur (ce qui en fait l'un des rarissimes musées français arborant le nom d’une femme !)
En ce 150e anniversaire de la naissance de l’impressionnisme, souvenons-nous de toutes les personnes qui ont contribué à ce mouvement. Souvenons-nous de Blanche Hoschedé, peintre impressionniste. Qui par son indispensable travail d’assistante et d’intendante a permis à Monet de créer ses chefs-d’œuvre. Qui par son engagement passionné a sauvé le jardin de Giverny et l’a légué à la postérité.
Pour voir certains tableaux de Blanche Hoschedé-Monet, c'est ici.
Initialement publié sur LinkedIn le mardi 14 mai 2024